Accroché à sa tribune comme aux bras d’un trône duquel il ne voulait pas descendre, le maire sortant trébucha une première fois sur un mot tout simple, il le savait les bugs vocaux étaient contagieux. Il se mit à accrocher, buter sur les syllabes. Il fallait pourtant tenir jusqu’au rendez-vous prévu, la première critique envers ses rivaux. Ce moment mis en scène, longuement répété, où ses troupes le rejoindraient en hurlant leur joie.
Le public, représenté par l’armée avec l’hôpital Bégin venu en nombre, la Police, les Pompiers, les associations en particuliers celles qui étaient généreusement dotées, et à coté la vingtaine d’enfants membres du Conseil municipal des jeunes entourés de leurs parents, ce public avait été infiltré par l’UMP réquisitionnée sur toute la circonscription dont Vincennes et Fontenay pour étoffer le groupe des Saint-Mandéens. La salle avait été remplie et le parti avait donné ses directives : les groupes des trois villes étaient soigneusement répartis dans la salle sur la gauche du maire sur sa droite et en face de lui. Leur but : lancer les applaudissements qui seraient repris par le public et les nourrir le plus longtemps possible.
Tout avait été répété, mais quelle souffrance ! Il fallait y arriver. Les phrases, écrites en gros caractère, s’alignaient devant ses yeux, mais ça n’en finissait pas, plus il hachait plus il craignait le lapsus, la phrase fatale. Il savait que le premier rendez-vous approchait, les deux mots qui devaient faire les faire frapper dans les mains : « ses ennemis ». Après un instant de jubilation il fallut reprendre ce texte qui n’en finissait pas. Le deuxième temps fort arriva, il devait hausser la voix puis laisser un blanc après avoir nommé l’association qui coûta 139. 400€ en 2012 à la mairie. Il marqua la pause mais le fan club avait tout simplement oublié de taper dans les mains. Il en fut contrarié et dut continuer. Mais, il se souvenait qu’il avait nommé « Monsieur » son Conseiller, pour trancher avec ses « Mon ami untel, mon ami unetelle… ». « Mon ami tant pis pour toi »pensa-t-il.
On le prévint que la députée, en retard du fait de ses fonctions, venait de franchir le seuil de sa salle des fêtes. Elle apparut essoufflée, amusée par ce protocole qui lui permettait tout.
« Je voudrais saluer mon amie la députée… »
Trop tard, l’abeille lui avait « piqué » sa place et lui avait bourdonné ce « mon amie » tragique.
On ne sait quelle mouche le piqua. Certains prétendent que ce matin-là dans son yaourt pour être en forme il avait ajouté de la gelée Royale…