À l'aube de cette année 5773, selon le calendrier hébraïque, il était légitime de souhaiter au peuple d'Israël et de la Diaspora :
"Shana tova".
Bonne année donc, et belle année! Car les temps ont changé:
C'en est fini des exodes, de cette époque où Jérémie, craignant de ne plus revoir Jérusalem qu'il avait tant aimée, se lamentait dans Babylone, sur les bords du Tigre, en clamant: "Comment pourrions-nous chanter les Cantiques de l'Eternel sur une terre étrangère?".
C'en est fini des obligations de se convertir, comme en 1492 lorsque le roi d'Espagne obligea les juifs à devenir catholique ou à partir.
C'en est fini des pogroms et de ce qui suivit.
Depuis le 14 mai 1948 une ère nouvelle est née avec la création de l'Etat d'Israël, non pas en Amérique du sud comme certains le craignèrent, mais sur les terres où régna Salomon, un Etat dont le coeur était "la cité" décrite par Chateaubriand comme étant "de lait et de miel": Jérusalem.
Mais pourquoi 5773 devrait-elle être une belle année?
Parce que nous venons de sortir de la période d'Adoulam.
Rappelons-nous:
Jusqu'au XIIè siècle avant JC, le peuple juif était dirigé par des juges, puis Samuel, inspiré par Dieu, désigna Saül premier roi d'Israël en versant une fiole d'huile sacrée sur sa tête. Malheureusement celui-ci ne respectant pas les ordres d'En haut, un nouveau roi fut pressenti, David. Mais ce nouvel élu ne pouvant combattre un roi désigné par l'Eternel, il se contente d'esquiver, d'éviter l'armée de Saül qui le pourchassait. David se réfugia donc dans les grottes d'Adoulam pour attendre la chute de celui auquel il succéda. L'épisode bien connu de la toile d'araignée qui sauve David de ses poursuivants en leur suggérant que la grotte ne peut avoir reçu celui qu'ils doivent abattre, se situe là, il sera repris dans "Le tigre du Bengale" de Fritz Lang (ancêtre des film d'Indiana Jones de Spielberg).
Cette période d'Adoulam cactérise le fait que le nouveau roi existe en tant qu'identité mais ne possède aucun moyen pour imposer son titre potentiel, à l'image d'Israël jusqu'à aujourd'hui impuissant à réagir à la menace iranienne puisque prisonnier de l'opinion publique internationale.
Mais depuis quelques mois, plus encore depuis quelques semaines, devant les images de haine et de violence aveugle des extrémistes arabes, les journalistes se sont interrogés. Que ce soit en Iraq, en Syrie, en Egypte, en Lybie, en Tunisie derrière le masque au sourire de pacotille, est apparu le visage inquiétant de l'intolérance et du totalitarisme.
Salman Rushdie mériterait-t-il de mourir pour avoir écrit ses "Versets sataniques"? Devait-on tuer l'ambassadeur des Etats Unis parce qu'un film, non diffusé en salle et pensant ridiculiser l'Islam, y avait été tourné?
Ou bien le monde arabe est-il apparentable à la mafia qui condamne à mort Roberto Saviano pour avoir écrit "Gomorra"?
Aucun israélien n'a appelé à envahir l'ambassade de France pour y lyncher l'ambassadeur parce que Dieudonné continue de sévir. Eichmann, tout tortionnaire qu'il fut, eut droit a un procès équitable.
Voilà pourquoi devant tant d'excès un changement de position a été décelé chez les médias. Ceci devrait permettre aux peuples américain et européens de se rapprocher de l'analyse effectuée par les dirigeants israéliens en matière de géopolitique du Moyen-Orient.
L'année 5773 devrait donc être meilleure que la précédente.
Shana tova.