Dans ce dossier à la fois sensible et complexe toute simplification, toute attitude passionnelle, toute réaction à l'emporte-pièce n'aboutissent qu'à fausser les réflexions et les conclusions qu'on peut émettre.
Si Israël proclame son indépendance le 14 mai 1948, la conquête de Jérusalem fut menée par David au XIè siècle avant notre ère. Son fils Salomon y construisit le Temple grâce "aux pierres de son pays, aux cèdres et aux genevriers du Liban" selon le chapitre V du Livre des Rois. Cet édifice qui devait recevoir l'Arche d'Alliance sera détruit deux fois (en 587 avant J.C. par Nabuchodonosor puis Titus en 70 après J.C.).
Sur le mont Moriah, lieu de ses décombres, au VIè siècle de notre ère Mahomet est amené par sa jument El Bourak pour lui permettre de s'élancer vers le ciel. En 691 la Mosquée Al-Aqsa y est construite. Jérusalem, même si elle n'est pas mentionnée dans 'Le Coran", devient le troisième lieu sacré de l'Islam, malgré tout loin derrière La Mecque.
Rappelons que dans l'enceinte de la mosquée se trouve le rocher du "sacrifice d'Isaac", et que les fondations du site sont celles du Temple de Salomon, sacrées pour le peuple juif et que chacun connait sous la dénommination de "Mur des Lamentations", ou "Kotel".
Quant aux chrétiens, ils se souviennent que c'est à quelques centaines de mètres de là sur le mont Golgotha que la Croix sera dressée, le trou dans lequel elle fut plantée reste visible dans le Saint-Sépulcre que construisit l'empereur Constantin en 335. Charles Quint en fit rebâtir la chapelle, après sa destruction par le sultan Hakim au XIè siècle. À l'intérieur de ce lieu partagé par catholiques arméniens et orthodoxes se trouve le tombeau de Jésus.
Il faut intégrer l'ensemble de ces informations pour commencer à comprendre la valeur symbolique de cette terre; et si nous évoquons Jérusalem, innombrables sont les autres lieux d'Israël qui recèlent de références aux trois religions monothéistes.
Voilà pour l'histoire des religions, mais au plan politique le XXè siècle se montra aussi riche que les trois millénaires qui l'avaient précédé.
Cinq vagues d'immigration juive se succéderont sur ce territoire, liées à la révolution russe, la guerre, à la montée du nazisme ou à d'autres évènements. En parallèle le général Allenby conquiert la Palestine en 1917, et le ministre des Affaires étrangères anglais imprime son nom dans la "Déclaration Balfour" visant à créer un Foyer national juif sur ce lieu.
Le 29 novembre 1947, l'ONU vote la fondation d'Israël.
Le 14 mai 1948, jour de la création de ce pays, Egypte, Transjordanie, Irak Syrie Liban, Arabie Saoudite envahissent le territoire israélien puis sont repoussés. Un armistice est signé dans l'attente d'une paix (celle-ci ne sera signée qu'avec l'Egypte... 30 ans plus tard).
Après cette défaite, 500 000 arabes palestiniens quittent Israël de leur propre chef, 120 000 resteront.
Le 5 juin 1967 éclate la guerre des six jours: l'Egypte a exigé de l'Organisation des Nations Unies qu'elle quitte les frontières alors qu'elle les gardait depuis le conflit de 1956. Un pacte est signé entre l'Egypte, Syrie, Irak, Jordanie en vue de l'invasion du petit pays. La défaite éclair de la coalition arabe permet aux troupes israéliennes de parvenir au canal de Suez.. Sinaï et Golan sont conquis mais ni la paix ni la reconnaissance du pays ne seront obtenues.
En 1973, une guerre surprise est lancée par l'Egypte le jour sacré de Kippour. 700 000 hommes enfoncent les lignes d'Israël, mais des forces spéciales du pays agressé coupent l'approvisionnement de l'armée egyptienne à 101 km du Caire. Pour éviter l'humiliation d'une armée morte de soif, des négociations vont permettre de ravitailler les soldats épuisés et de réfléchir à la paix. Celle-ci sera obtenue en 1979, avec, contre la restitution de territoires chèrement conquis la signature d'une paix avec l'Egypte. Les égyptiens retrouvent leur fierté, Israël sa sécurité.
Pour cet acte exceptionnel Anouar El Sadate, successeur de Nasser, et Menahem Begin recevront conjointement le Prix Nobel de la Paix.
L'autre aspect incontournable du problème réside dans le rapport de forces entre Israël et ceux qui contestent ses frontières et son existence.
Entre ces deux entités la situation demeure inégale: Israël est 400 fois plus petit que les pays du monde arabe autour de lui, et sa population représente 50 fois moins d'habitants. D'autre part le pétrole que possèdent les pays du moyen orient accentue leur puissance. Néanmoins, Israël possède des forces armées nettement supérieures à celles de ses voisins.
Dans ce contexte lourd, toute erreur peut être tragique pour les belligérants, ou pour le monde.
Or, l'état de guerre existe encore entre ce pays et certains de ceux qui le cernent. D'autre part, les palestiniens confinés dans la bande de Gaza et la cisjordanie continuent de bombarder les villes israéliennes ou de provoquer des attentats.
Ces situations religieuses, politiques, économiques ne manquent pas d'influencer les décisions prises par les dirigeants israéliens aujourd'hui, ceux du monde arabe et des pays occidentaux aussi. Il était important de se remémorer ce passé avant d'analyser la situation actuelle.