Depuis le 29 mai, date à laquelle ont débuté des incidents graves dans notre ville, il a fallu l'article que j'ai publié il y a deux jours, pour obtenir hier, huit jours après donc , des commentaires officiels sur cette affaire. Dans l'intervalle, des dizaines de personnes m'ont posé des questions, demandé conseil et apporté leur témoignage angoissé sur les prolongements possibles de ce que Le Parisien appelle une "rixe entre jeune des communautés musulmanes et israélites" et le maire de Saint-Mandé une "bagarre...entre deux communautés différentes".
Face à un événement sérieux, quel qu'il soit, un responsable politique ne rend service à sa ville que de trois façons.
D'abord, en informant ses habitants. En communiquant sans passer les faits sous silence ni en les délivrant au compte-goutte alors que d'autres se chargent, avec une bonne foi naïve ou une complaisance écoeurante, de répandre des informations et des contre-informations indiciblement tendancieuses. Il est tenu de ne pas rompre le dialogue mais au contraire de l'ouvrir pour rassurer les esprits avec des mots justes, documentés et raisonnés. Il est tenu aussi, bien évidemment, de rassembler en amont tous les éléments à sa disposition et de les regarder avec une objectivité absolue, en se gardant d'interprétations parcellaires ou expéditives.
Il doit également agir, pour montrer la fermeté des pouvoirs publics face à une situation dans laquelle le droit et le civisme le plus élémentaire ne sont plus respectés. Agir aussi pour mettre en place des solutions réfléchies et efficaces.
Il doit enfin prévenir, pour faire cesser les actes de délinquance, les débordements, les actes de violence épisodiques ou récurrents, organisés ou isolés. Il doit encore prévenir pour protéger les personnes les plus à risque (les enfants en premier lieu) comme pour désamorcer les velléités agressives.
L'absence de réponse et l'absence tout court ne peuvent être ressenties que comme un aveu d'impuissance par une population légitimement concernée.
Il est regrettable, alors que j'étais dans ma ville ce week-end où j'ai assisté à la fête du"Printemps des Bébés", de ne pas avoir été prévenu de ce qui se passait, ni été associé aux réunions qui ont eu lieu en présence de deux commissaires, d'un commandant de police, du sous-préfet de Nogent et d'un adjoint de notre ville. En tant que premier adjoint mais aussi en tant que Conseiller général en charge du Collège Offenbach (devant lequel ont démarré les agressions), ma présence et mon implication attentive me paraissent une nécessité fondamentale.
Une gestion de crise de cette ampleur nécessite une concertation entre tous les responsables et une information précise.
Maintenant que les saint-mandéens ont été prévenus de la situation et savent qu'il est essentiel de calmer les passions ayant conduit à ce dramatique engrenage, maintenant que chacun sait qu'il faut éviter tout signe pouvant être assimilé, même à tort, à une provocation, maintenant et dans cet esprit de paix retrouvable, l'article que j'ai publié mardi n'a plus sa raison d'être, je le retire donc.