Le DSK nouveau est arrivé. Tiré de son fût américain il y a une semaine, en fait c'est un "double cask matured", comme certains whiskys ou rhums élevés dans une barrique en chêne puis amélioré dans un ancien tonneau de porto ou de Xérès.
Notre futur président (du FMI, de la France ou d'ailleurs) issu du terroir français a donc été arrondi par un bois proche de ceux du Tennessee. Le résultat nous a permis de découvrir énormément de promesses: la robe évoque une grande profondeur, beaucoup de générosité même si elle apparait vénérable d'emblée. À la lumière l'aspect devient somptueux et confine au grandiose, les spécialistes y devinent déjà la puissance des plus grands. Le nez confirme par la palette des arômes la force à venir. Au palais il force l'admiration, faussement gouleyant il se montre capiteux et très vite développe ses harmonies avec panache pour terminer en majesté. La terre, le humus, les sous bois qui ont fait sa notoriété sont relayés par les fruits rouges auxquels on s'attend et très vite vous êtes porté au paradis!
La prestation confinait au grand art. Comment marteler les préoccupations sociales de base quand on passe pour être l'oncle d'Amérique? Comment s'afficher futur candidat lorsque l'évocation de la campagne 2012 est interdite? Comment condamner le pouvoir en place sans évoquer la politique locale?
C'est le tour de force réussi avec élégance et amusement pendant que MAM s'empétrait dans ses contradictions et que Sarkozy restait cloué au sol des sondages. Malgré émissions ou interventions ceux qui furent séduits par le "phénomène Sarkozy" à qui tout souriait, ne semblent plus convaincus. La présidence avait beau prévenir de ce duel avec un cégétiste chargé d'en "découdre" chacun savait que, discipliné par un passage chez le coiffeur, après la succession d'appariteurs en livrée, de gardes républicains, sabre au clair, de conseillers du protocole sensés venir lui prodiguer leurs conseils, en fait chargés de l'attendrir, rien à faire, avaler un bâton de guimauve serait une formalité pour l'enfant gâté hyperactif.
Alors oui, dommage de nous faire hésiter entre un Latour et un pousse-rapière même si le bordeau est un peu rouge.