Le dernier poilu symbolisait l'absurdité de cette sale guerre de 14-18.
A l'époque le service militaire était obligatoire, et le départ pour le front incontournable. Quant à la désertion elle demeurait sévèrement réprimée, même si les décisions de certains généraux (Nivelle avec le Chemin des Dames) affaiblirent l'autorité du commandement.
La médiatisation de la disparition de ce dernier poilu s'est faite non pas parce qu'il s'agissait d'un héros, ni parce que son engagement résulta d'une réflexion personnelle, mais car il fut le dernier témoin de cette tragédie inutile.
Pour Aimé Césaire, la situation n'a rien à voir. Cet homme a été celui qui a le mieux exposé l'horreur raciste. Celle-ci ne consiste pas a évoquer une différence, mais à inférioriser et humilier celui qui ne ressemble pas au plus grand nombre. Il pointa du doigt non la "noiritude" mais la "nègritude", pour mieux nous rappeler que nous sommes différents mais égaux, ce sont l'infériorisation et ses corollaires qui sont inadmissibles. Sa réflexion demeurera inoubliabble.
Quant à notre Saint-Mandéenne, à laquelle je devais remettre un brin de muguet pour le premier mai, Germaine Tillion, sa démarche fut exemplaire. Elle se battit pour des idées, elle engagea sa vie en refusant nazisme et racisme, elle défendit, non pas sa différence, mais celle des autres.
Son courage continuera d'impressionner les générations futures.
Plus encore quand elles se souviendront de cet opéra que Germaine Tillion écrivit pendant son internement dans un camp de concentration pour refuser d'être réduite à cet état de "non-homme" selon la formule de Finkelkraut, étape ultime de la torture morale.
Souhaitons pour notre humanité qu'ils ne soient jamais oubliés,
qu'ils reposent en paix .